La question des droits et des devoirs au coeur de l’insertion, ni virtuelle, ni rigide, quelle réalité ?
Martin HIRSCH dresse un double constat : si le revenu minimum d’insertion et la couverture maladie universelle représentent une avancée sociale considérable, il s’agit tout d’abord de convenir combien avec le RMI, une autre logique est à l’œuvre. Une autre conception de la solidarité semble se développer même si le constat d’un échec s’impose, notamment par l’existence d’un noyau dur de personnes en difficulté structurelle sur le marché du travail soit 4% à 5% de la population en âge de travailler et par le décalage grandissant entre les visions institutionnelles et les réalités vécues par les personnes « en insertion ». Recentrer l’insertion autour de la notion de « droits et devoirs » de la personne dans un parcours d’insertion, de l’employeur, de la société à l’égard de personnes connaissant des difficultés, n’est-ce pas compter sur une prise de conscience, contrainte ou non, de l’intérêt de cet engagement responsable ?
Jean-Michel BELORGEYinterroge l’équilibre de ce nouvel engagement et l’illusion qu’il comprend : « tout se passe, en réalité, comme si le RSA avait été conçu, non pour ses utilisateurs, mais pour répondre aux préoccupations des différents bailleurs de fonds et gestionnaires concourant à son financement, et à sa mise en œuvre. Comme si on entendait aussi persister à entretenir, alourdir même le climat de suspicion à l’encontre des personnes appelées à bénéficier de la nouvelle prestation »
Ne doit-on pas, avec Robert CASTEL , envisager l’insertion comme réponse à un brouillage des frontières entre le travail et l’assistance ? Si depuis les années 70, on a perdu le clivage entre d’une part les gens qui travaillent et ceux qui sont assistés, que dire de cet état particulier qui fait de la personne bénéficiaire du RMI ni une exclue mais ni une personne intégrée ? En quoi le RSA risque-t-il de s’inscrire alors dans cette logique d’institutionnalisation du précariat de toute une population qui est à la fois, pour une part, en demande d’assistance, et pour une autre, en activité ?
Enfin, repartir des besoins des personnes, de ce qu’habiter le monde veut dire, évaluer les ressources réelles d’insertion n’est-ce pas inviter à considérer les personnes concernées, leurs souffrances et non repartir des dispositifs et de leur complexité ?
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